Il était une fois un roi, beau et prospère qui possédait plein de richesses. Selon la tradition, le roi devait confier la gestion de ses biens et du royaume  à celui de ses enfants qui manifesterait le plus d’amour pour son peuple. Chaque nouvelle saison de pluie, un de ses enfants était choisi et le patrimoine du royaume attestait la qualité de son choix. La légende dit que tant que cela était respecté, la richesse du royaume se multipliait. Les esprits du village, se servaient de l’amour qui régnait entre l’enfant préféré et le peuple pour bénir le sol.  Cela avait toujours été fait ainsi dans cette contrée. Notre cher roi avait un frère. Le sorcier du village : il était doté d’un pouvoir grandiose. Il pouvait soigner les maladies les plus coriaces et concevoir les outils les plus robustes. Mais le frère du roi avait un défaut : il était animé d’une grande convoitise et voulait s’accaparer de la place du roi, jouir de tous ses privilèges. Et pour arriver à ses fins il avait décidé de se servir du fils ainé du roi qu’il savait très cupide.

Le frère du roi s’était alors mis en tête de convaincre son neveu de bafouer la tradition et s’emparer du pouvoir par la ruse. Le plan était simple : le sorcier du village devait user de son aura pour forcer les habitants du village à faire savoir au roi que seul son fils ainé manifestait de l’amour envers eux. Ainsi, chaque personne qui venait voir le sorcier du village pour se soigner ou pour avoir un outil devait en retour du service rendu dire au roi et aux autres oh combien le fils du roi était affable et plein d’amour ! La stratégie fonctionna si bien le fils ainé contrairement à ses frères et sœurs ne fit aucun effort pour se rapprocher du peuple, les écouter pour tisser des liens avec eux. Il avait confiance au pouvoir de son oncle. Cette saison des pluies là, le fils ainé fut désigné au détriment des autres enfants. Cela provoqua la rage des esprits et le royaume peu à peu commença à perdre de son éclat, les gens avaient de plus en plus faim, le roi tomba malade. Son frère lui administrait des potions pour l’affaiblir davantage. Il savait que seul le roi avait le pouvoir de rétablir l’équilibre. En effet, c’est à lui seul que les esprits avaient confié le don sacré de désigner le gestionnaire. A la saison de pluies qui suivit, le roi était si affaibli qu’il ne put respecter la tradition de choisir un nouveau gestionnaire. Le fils ainé du roi continua de régner, et le royaume continua de sombrer.

Face a cette situation les habitants du royaume avaient formé des clans :

      • Il y avait le clan de ceux qui rongés par la faim, s’étaient rangé dans le camp du fils ainé qui traitait le peuple avec dédain. Ils savaient que ce dernier n’était pas le plus aimé du peuple et avait mis les esprits en colère. Mais préféraient s’attirer ses faveurs pour espérer avoir les miettes de ses repas
      • Il y avait le clan de ceux qui se préparaient à fuir le village, pourquoi rester dans ce lieu de misère où règne famine et maladie ?
      • Il y avait le clan de ceux qui creusaient la tombe du roi, plus vite il mourrait mieux ce serait. Ils se levaient tous les jours pour creuser et pleurer. Ils allaient de village en village raconter à quiconque le malheur qui frappe leur royaume, délaissant leurs champs.
      • Enfin il y avait le clan de ceux qui se remémoraient, les temps de gloire du royaume. Ils continuaient de cultiver la terre et servir le roi. Ils cherchaient par tous les moyens et astuces imaginables à faire recouvrer la santé au roi. Ils connaissaient les coutumes. Seul le roi pouvait les sortir de cette crise.

Faute de pouvoir se mettre en ensemble, ce royaume a péri. Emportant avec lui les clans, le fils ainé et même le sorcier du village. Il se raconte que les esprits étaient si courroucés qu’aucune goutte de pluie ne tomba plus sur leur sol.

Cette histoire, sortie de mon imagination est en plusieurs points semblable a celle du Cameroun. Le roi, le Cameroun radieux et plein de richesses. Son frère, toute puissance impératrices qui par gourmandise au mis à la tête du pays le fils ainé. Les premiers fonctionnaires de ce pays avec qui ils se sont associes par intérêt pour écarter ceux que le peuple suivait et aimait véritablement : les leaders indépendantistes qui comprenaient les souffrances du peuple. Ces premiers dirigeants du pays ont maudit l’ont maudit si bien qu’il n’est aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Et le peuple perdu, se retrouve à fuir le pays en masse, à le dénigrer à tout va, à souhaiter sa fin prochaine. Et quelques-uns dans des initiatives isolées veulent ressusciter leur cher Cameroun.

En cette semaine où nous avons célébré la fête de l’unité nationale, qui marque un tournant important de notre histoire il est opportun faire une introspection. Regarder le pays avec froideur et se demander ce qu’il représente pour nous ? Être camerounais, qu’est-ce que cela représente-t-il ? Répondre à cette question revient dans une certaine mesure à choisir un clan parmi ceux du peuple de ce royaume ou qui sait en créer un nouveau. Car pour moi être camerounais c’est être semblable à un habitant de ce royaume, qui ne demande qu’à avoir sa pitance quotidienne et s’épanouir auprès des siens. Mais il est pris dans un tourbillon déclenché sans son consentement mais dont il doit subir les conséquences. Il ne connait pas forcement l’histoire de son peuple alors il ne sait pas que sa voix compte.

Être camerounais pour moi, c’est s’armer de connaissance pour choisir le bon combat. Lire sur les peuples et l’histoire de Cameroun. Apprendre et comprendre le distinguo entre l’Etat du Cameroun et son gouvernement. Se cultiver pour connaitre ses droits et devoirs. Agir en citoyen et remplir sa part de contrat. Enfin, être camerounais c’est aussi et surtout respecter le pays qui nous qui nous a accueilli. Le respecter même si nous n’y sommes plus car a la fin de la journée il fait partie de nous d’une manière ou d’une autre.