« Consommons camerounais ». Comment quitter du slogan pour en faire un mode de vie ?
C’est la question que je me suis posée en 2018 lorsque j’ai commencé mon aventure avec le made in Cameroon. Alors que j’assistais à un atelier de formation sur la création de valeur, l’animatrice nous apprend que sa contribution à l’éclosion des économies locales consiste à s’assurer qu’en sortant de chez elle, arbore toujours au moins un créateur africain. L’idée m’a parue tellement géniale que je l’ai adoptée. 5ans après, je peux dire que je tiens mon pari même si le challenge est plus difficile dans certains domaines que d’autres. Pour y arriver sans être frustré il faut beaucoup d’intentionnalité. Après 5 ans d’implémentation : je vous partage les leviers qui accompagnent ma transition.
La chose fondamentale à faire c’est de contrôler son circuit d’approvisionnement. Cela revient à privilégier les enseignes de grande distribution qui valorisent les produits locaux. Il y a quelques années encore, le made in Cameroon n’était pas aussi plébiscité dans les grandes surfaces. Pour se procurer des produits authentiques du terroir, il fallait écumer les foires et autres expositions organisées sporadiquement. L’amélioration de la qualité de l’offre, la formalisation des entreprises ainsi l’explosion d’internet sont des facteurs qui ont permis d’augmenter la notoriété des produits locaux. Si bien que distribuer les produits locaux est un argument commercial pour les supermarchés aujourd’hui. Mais à cet exercice il y en a qui s’y prennent mieux que d’autres. Les magasins qui au minimum étiquètent les étagères des rayons (pour signaler que le produit est local) sont à favoriser : Mahima, Carrefour Market, Santa Lucia.
Autres centres d’achat à explorer : les épiceries 100% locales. Numériquement moins présentes que les supermarchés, ce sont des lieux intéressants pour les découvertes de nouveaux produits. Elles regorgent généralement d’un choix plus varié que la grande distribution. S’y rendre fréquemment permet d’élargir ses horizons et tester des produits inédits. J’aime particulièrement :
- Les boutique du GIE – MADIKA présentes dans 5 villes du Cameroun : Douala, Yaoundé, Ebolowa, Sangmélima et Zoetele mais aussi en ligne. Leur politique est d’exposer les produits d’entreprises camerounaises faits au minimum de 55% de matière première locale.
- Mâ Epicerie fine qui met en avant le savoir-faire local en commercialisant une centaine de produits camerounais.
Une fois que l’on a le contrôle sur ses fournisseurs, il faut rester en veille en participant aux évènements qui mettent en avant le made in Cameroon. Foires, expositions, festivals… Ya-fe, Festi-noel, le salon du mariage, les weekends du made in Cameroon et bien d’autres qui valorisent les entreprises locales tout au long de l’année. La particularité ici, est que l’on a l’avantage de se frotter plus à l’artisanat qu’à la production industrielle. L’astuce pour capitaliser sa participation est de collecter le maximum de cartes de visites et se constituer un carnet d’adresses de fournisseurs que l’on pourra contacter en cas de besoin.
On peut également faire de la veille en ligne en s’abonnant aux comptes de créateurs de contenus et d’opinions locaux. En effet, avoir sur son fil d’actualité des personnes qui partagent leurs expériences permet très souvent de tomber sur des nouveautés. Leur mode de vie leur donne plus d’opportunités d’être en contact avec des produits, parfois en exclusivité. Pour une veille de qualité, je recommande de privilégier les créateurs de contenu orientés tourisme, cuisine et lifestyle. Il ne faut pas aussi négliger les plateformes de e-market qui donnent d’ailleurs la possibilité de faire des recherches par catégorie et trouver des pépites.
Enfin, il faut surtout garder à l’esprit que consommer local est un processus. Il n’est surtout pas question de se priver, mais de donner leur chance à ceux de nous qui travaillent d’arrache-pied pour fournir des offres répondant à nos besoins. Car après tout, pourquoi chercher loin ce que nous avons sur place ?