Je garde de mes années lycée des souvenirs précieux. Les amitiés sincères, les rêves de voyage, les amourettes, le stress des examens… Si j’avais su que ces moments seraient mes derniers d’insouciance totale, je pense que je les aurais vécus plus intensément. Les choix que l’on fait en terminale, même s’ils peuvent être ajustés restent déterminants pour la suite de la vie socio-professionnelle d’un individu. Avec du recul, je me rends compte de la légèreté avec laquelle nous nous engagions sur nos différents chemins après le bac, mais c’est aussi ça la beauté de la jeunesse : agir d’abord, oser surtout et réfléchir après. Dans cette fougue, il y a bien des choses que j’aurais tout de même aimé connaitre pour m’éviter la déception d’avoir investi mon temps et mon énergie dans des projets qui ne me correspondaient pas en fin de compte

En tête de liste de ce que j’aurais aimé savoir avant d’avoir le Bac, vient le fait que la série C (sciences mathématiques) n’est pas le graal absolu au Cameroun. Ce n’est qu’une clé parmi tant d’autres, pour ouvrir les portes de l’avenir. Je viens d’un environnement on a idolâtré la série C, la décrivant comme la voix vers toutes les opportunités post Bac au Cameroun. Ce qui n’est vrai que pour certains concours d’accès aux grandes écoles du secteur public (faculté de médecine, école polytechnique, Institut africain d’Informatique…), car les autres séries ont des restrictions pour leur éligibilité. Cette perspective a restreint mon champ d’exploration, les domaines qui resonnent en moi aujourd’hui m’étaient totalement invisibles. Pourtant, Le champ des possibles est vaste, c’est l’information qui manque le plus. Je me rappelle qu’un ami de mon frère avait écrit tout un recueil pour orienter les lauréats du baccalauréats D. Pour dire oh combien, il y a de voies à emprunter (voir image au bas).

Les séries littéraires souvent peu valorisées ont-elles aussi de la matière, elles débouchent : aux métiers de l’écriture (traduction/interprétariat, juriste/avocat, enseignant), aux métiers de la voix (voix-off, doubleur de voix), aux métiers de la communication et que sais-je encore ? Je puis vous dire que, je pensais que faire la série littéraire voulait dire soit finir à l’E.N.A.M (ce qui n’est pas donné), soit alors à l’IRIC (encore plus compliqué). C’est important pour un(e) jeune bachelier(e) de garder en tête qu’il/elle a le choix. Cela lui évite de s’embourber dans des parcours pas faits pour lui/elle, ou faire dépenser des sommes astronomiques dans des écoles privées pour une filière à tout prix.

J’aurais également voulu savoir que les notes ne font pas tout. Les notes sont importantes certes pour valider son année, obtenir son examen mais dans la vie active, il y a bien des compétences qui nous seront utiles mais que l’on ne nous enseignera pas dans une salle de classe. Au lycée j’étais en tête de file. Je me donnais à fond dans les révisions et mon travail était récompensé à sa juste valeur. Mais ce n’était que ça qui me définissait. J’avais de sérieuses difficultés à interagir avec les autres. J’avais une peur bleue du public. Les seules fois où je m’autorisais à me faire remarquer c’était pour avoir eu la meilleure note. Je repense à cette fois où, nous avions eu comme devoir en sciences naturelles de faire pousser une plante à graine. Je m’étais appliquée et j’avais obtenu un magnifique plant de haricot. Le jour de la restitution j’étais la seule à avoir fait le devoir. Mais j’ai tellement eu peur de lever le doigt lorsque le professeur a demandé de montrer nos réalisations que j’ai perdu les 2 points qui étaient en gage pour la plus belle plante. Cette absence de soft skills a quelque part joué sur mon choix de carrière. J’ai opté pour un métier de discrétion où le résultat compte plus que la forme dans laquelle il vient. A certains moments je me dis que mes choix auraient peut-être été autres si j’avais développé en plus des notes des compétences pour la gestion des relations interpersonnelles.

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Une autre chose que j’aurais aimé savoir avant d’avoir le Bac est que le Bac justement n’est que la fin du lycée mais le début de plus. Il nous donne des ailes quand on est finissant au lycée. Ces ailes qui nous permettent de voler haut dans notre imagination certes, mais elles nous éloignent de la terre ferme. Il est important de tenir compte de sa réalité. Il est recommandé d’avoir ne serait-ce que l’esquisse, d’un plan pour la suite. Pour beaucoup c’est l’occasion de quitter le nid familial, alors on attrape le premier parcours académique qui nous éloignera le plus de la maison. Oubliant que ce choix nous suivra à vie. Pour d’autres encore c’est l’opportunité idoine pour suivre ses amis, ou son/sa petit(e)-ami(e). Je me rappelle de ce consortium d’universités canadiennes qui était venue prospecter dans notre lycée. Nous les avions reçues en grande pompe, interrompant même le cours normal de la journée de classe pour accorder du temps a leurs offres. C’est sur invitation du proviseur que toutes les terminales s’étaient rendues à la salle des fêtes du lycée pour participer aux différentes présentations. Au sortir de là nous voulions toutes, mes amies et moi aller au Canada. On se voyait déjà vivre la vie trépidante d’étudiantes. Personne ne se souciait de la filière, de la qualité des écoles. Le rêve était d’y aller toutes ensemble. Heureusement la réalité m’a vite rattrapée le soir lorsque j’en ai fait part à mes parents. J’en ris aujourd’hui ! Mais que serait-il advenu si ces derniers s avaient acheté le projet ?

La dernière chose mais pas des moindres que j’aurais aimé savoir avant de quitter les bancs du lycée c’est qu’il faut profiter à fond de cette période, comme pour tout dans la vie d’ailleurs. Être au lycée peut être difficile. On fait face aux changements hormonaux et le regard des autres compte énormément. On apprend à peine à se connaitre, il faut s’intégrer dans un groupe en plus de gérer les cours. Mais ça reste une période où la vie ne nous demande pas grand-chose (du moins pour la plupart des élèves), juste avoir de bons résultats scolaires. Rendue à l’âge adulte, une vie aussi simple me manque. Celle où tu n’as à te soucier que de toi et tes notes. Si j’avais su le challenge que serait la suite de mon existence, j’aurais plus chéri mes amies, éparpillées dans le monde aujourd’hui, j’aurais pris le temps pour être plus curieuse, essayer de nouvelles choses (encore il aurait fallu la permission des parents lol), m’ouvrir un peu plus aux autres. Sur les bancs il est tellement plus simple de tisser des relations. Les jeux de pouvoir et d’intérêt ne sont pas aussi violents qu’à la sortie des classes.

Le baccalauréat est en fin de compte un goût de rite de passage des temps modernes. Cette étape transitoire qui marque la fin dune ère et le début d’une autre. Il vient avec la joie que procure l’entrée dans le monde des grands, l’euphorie que cause le gout de la liberté. S’il faut de la naïveté pour vraiment savourer ces moments, il faut une bonne dose de lucidité (venant des ainés) pour ne pas tout foirer. Quoiqu’il faudrait aussi apprendre que l’on peut se rater une fois et réussir quand même.