Le Cameroun sera présent au tournoi olympique de judo de Paris en juillet prochain grâce à Soppi Mbella Anita Richelle. L’athlète de la catégorie +78 kg a obtenu son ticket de qualification suite à une avalanche de médailles d’or lors des récentes compétitions continentales faisant d’elle la 4e meilleure performance mondiale de l’année en cours. J’ai eu la chance de la rencontrer lors d’une séance d’entrainement spéciale avec les enfants de son club : la Z-Sporting association. Une belle initiative pensée par son coach Zambo Michel pour transmettre à ces tout-petits du mini-judo le gout de l’effort et semer en eux le rêve de devenir comme celle qu’ils appellent affectueusement la championne.
Il fallait voir les yeux des enfants briller d’admiration pour comprendre que notre jeunesse n’a besoin de rien de plus de que modèles positifs pour les motiver à déployer son plein potentiel. A la fin de la séance d’entrainement la championne a accepté de se livrer sur sa vie d’athlète au Cameroun, sa préparation aux JO, de ses projets d’avenir, le temps d’un entretien riche de conseils et de partage d’expériences. Un échange que j’ai retranscrit dans cet article pour vous plonger dans l’ambiance de ce beau moment de communion.
kameroptimiste : Hello Championne, peux-tu te présenter pour les lecteurs de Kameroptimiste ?
La championne : Je suis SOPPI MBELLA Richelle, judokate camerounaise, de la catégorie +78kG. Championne d’Afrique et qualifiée pour les Jeux olympiques Paris 2024
kameroptimiste : A quel âge est-ce que tu as commencé le judo ? Et d’ailleurs pourquoi ce sport-là précisément ?
La championne : Les gens sont souvent surpris quand je parle de mon parcours. J’ai commencé le judo par curiosité entre mes 21-22 ans par là. J’étais déjà à l’âge adulte. Etant petite j’ai toujours souhaité faire les sports de combat, ayant grandi au milieu des garçons, j’avais l’habitude de faire comme eux. Mais à l’époque, j’entendais plus parler de karaté, j’avais même un tonton qui faisait le karaté. Mais c’est à l’université que j’ai fait la connaissance du judo et je me suis dit pourquoi pas.
kameroptimiste : Tu as évoqué le parallèle garçon-fille, est ce que la pratique du judo est plus difficile pour les femmes que pour les hommes ?
La championne : je pense que tout dépend de l’état d’esprit. Mais pour moi c’est pareil. Quand je dis que je m’apparentais plus aux garçons c’est parce que selon la conception commune, les sports de combats c’est pour les garçons. En tant que judokate, je ne me sens pas différente d’un homme, vu que nous subissons le même entrainement, dans les mêmes conditions, avec le même arbitrage, le même règlement, les mêmes chances en fait
kameroptimiste : Revenons sur ta qualification aux JO ? Comment s’est passé la préparation ?
La championne : ça été un véritable parcours du combattant, parce que je n’ai pas eu le même temps que les autres pour me qualifier. J’ai dû faire en 10 mois ce que les autres ont fait en 4 ans. J’avais d’abord arrêté le judo pendant un bon bout de temps, je renoue avec la compétition quand il faut se qualifier pour les JO. Ça été très dur, j’ai failli abandonner, j’étais fatiguée physiquement et moralement. Mais quand on est judoka, on a un mental d’acier, quand il y a des difficultés on se rappelle qu’un samouraï n’abandonne jamais. Malgré les larmes et les bobos, on se dit que tant qu’on n’est pas arrivé à l’objectif il faut continuer. Je me suis prêtée au jeu jusqu’à la fin.
kameroptimiste : je suppose qu’il y a eu tout un support system derrière toi, à qui penses- tu directement qd tu revois ta qualification ?
La championne : j’ai toute une communauté derrière moi, il sera très difficile de citer tout le monde. Et je porte chacun d’eux dans mon cœur. Mon club Z-sporting, mes coéquipiers, coachs et encadreurs de l’équipe nationale qui m’ont toujours soutenu, plusieurs autres personnes qui même à distance m’ont encouragé et cru en mon potentiel.
kameroptimiste : Qu’est-ce que ça te fait de représenter le vert-rouge-jaune, pour une compétition comme les JO ?
La championne : le jour de ma qualification, j’ai ressenti une pression énorme ! On parle quand même des jeux olympiques. C’est vrai que j’ai porté le drapeau du Cameroun au championnat d’Afrique, et lors d’une récente compétions à Marrakech où jetais la seule médaillée d’or africaine c’était bien beau. Mais là il s’agit de la crème de la crème des compétitions, ça va être difficile j’en suis consciente. Mais avec le mental de guerrière, je suis prête à relever le défi et ça me rend fière de porter le vert-rouge-jaune à un si haut niveau
kameroptimiste : le sport n’est pas forcément le domaine dans le quel on encourage les plus les enfants/jeunes dans notre pays. Quel est ton point de vue sur ces appréhensions concernant la carrière de sportif au Cameroun ?
La championne : Dans la vie, il faut toujours avoir un plan B. Être sportif c’est une belle carrière mais ce n’est pas un avenir garanti. À tout moment on peut avoir une blessure et on arrête le sport. Et après qu’est ce qu’on devient ? Moi, j’encourage toujours à faire le sport et les études. C’est difficile mais faisable. C’est vrai qu’au Cameroun, je n’ai pas à ma connaissance des structures qui accompagnent les athlètes dans les deux parcours. Mais si un enfant veut s’y engager, avec un peu de discipline il peut y arriver. Moi-même j’ai allié sport et études. J’allais en cours et je faisais les compétitions. J’ai fait l’I.U. T de Douala où j’ai obtenu une licence professionnelle en logistique industrielle. C’est même un parcours à encourager.
Pour moi le sport c’est comme la 3e guerre mondiale. Tous les pays s’expriment à travers celui-ci et c’est beau de savoir que l’on va en guerre pour son pays et qu’en plus de cela on est par exemple ingénieur. C’est une fierté de ne pas seulement présenter son parcours sportif, mais aussi professionnel. Je n’encouragerai jamais quelqu’un à laisser l’école pour le sport mais plutôt à allier les deux parce que c’est possible.
kameroptimiste : Apres les JO et la médaille qu’on te souhaite d’avoir, quels sont tes projets ?
La championne : Initialement après les jeux olympiques j’avais souhaité arrêter le judo de compétition et me consacrer à ma carrière professionnelle et ma vie de famille. Mais plus on a, plus on en veut. J’ai le rêve de devenir championne du monde de ma catégorie, vu que c’est un titre que je n’ai pas encore. Et c’est la peut-être à ce moment que je vais arrêter le judo
kameroptimiste : Pour finir je souhaiterais que tu dises un mot pour encourager les jeunes filles et les parents d’enfants qui hésitent à embrasser les carrières sportives
La championne : j’exhorte tous les parents à faire pratiquer à leur enfant une activité sportive, pas forcement le judo même si c’est le sport idéal pour moi parce que c’est une école de la vie, un encadrement spécial pour les enfants. Le sport permet de maintenir la forme physique mais aussi d’aérer l’esprit. Si bien que face aux difficultés de la vie, ceux qui pratiquent le sport les surmontent plus facilement que ceux qui n’en pratiquent pas. Les sportifs sont difficilement dépressifs, ils savent que s’ils sont tombés, ils ont la capacité de se relever. J’encourage vraiment les parents à orienter leur enfant vers le sport pour leur santé physique et mentale
kameroptimiste : merci pour cet entretien et le temps que tu as bien voulu donner à ces enfants du mini-judo cet après-midi
La championne : Je vous en prie !
Je vous invite à suivre de près notre championne du 27 au 04 Aout prochain pour la compétition de judo des Jeux olympiques Paris 2024. Et à tous les parents à la recherche d’activités pour leurs enfants, je vous recommande vivement le judo : la voix de la souplesse, celle du corps et de l’esprit !
Parcours très impressionnant…
Congratulations la mama
💪🏽💪🏽💪🏽
Discours magnifique digne d’une intellectuelle qui allie force physique et force morale. Je te souhaite d’aller encore plus loin et de remporter beaucoup plus de titres pour toi en particulier et pour le Cameroun en général. Tu as trop souffert dans ce game pour atteindre ce niveaux. Tu mérite tout ce que tu as. Courage 🙏
C’est tout le bonheur qu’on lui souhaite. Merci!
Parcours impressionnant et surtout très motivant …
Sans aucun doute
super la championne